Ma famille parfaitement imparfaite!

Je n’ai jamais voulu d'une grosse famille. Mais je n’ai jamais voulu d'une petite famille non plus. Je voulais une famille « normal ». Maman, papa et deux enfants. Peut-être parce que nous sommes deux enfants chez moi, ou parce que la société au complet est faite pour une famille de quatre. Peu importe, je n’ai jamais pensé en avoir plus que deux, et encore moins en avoir moins que deux.

Voilà qu’en 2007 je rencontre l’homme de ma vie 3 ans plus tard on emménage ensemble et en août 2011, arriva l’amour de notre vie, un beau petit bonhomme en plein santé. Nous sommes heureux et comblés. Puisque j’ai dû avoir une césarienne et que j’ai eu quelques complications avec la guérison, on écoute les conseils du médecin et on attend un an avant d’essayer pour un deuxième. Dû à un autre petit problème de santé de mon côté nous devons attendre en juillet 2013. Notre fils a alors presque 2 ans.

Les mois passent, et je ne tombe pas enceinte. Un an passe, et rien... Je commence à être découragée. Mais étant de nature positive, je garde espoir. Nous consultons, essayons différentes choses : médications, changement de mode de vie...rien. 2 ans passent. Je suis anéantie. Je pleure chaque mois. Je suis confuse. Nous en avons déjà conçus un, sans aucun problème, je n’arrive pas à comprendre. Nous consultons plus loin. Nous allons en fertilité : prises de sang, examen des trompes et de l’utérus, spermogramme, etc. Résultat : Rien. Nous n’avons aucune raison médicale qui explique notre infertilité secondaire.
J’en veux à la vie. J’en veux à toutes les femmes qui tombent enceinte dès l’oubli d’une pilule. J’en veux à la médecine qui ne me donne aucune raison pour expliquer nos problèmes. J’en veux à toutes celles qui sont rendus à leur troisième, quatrième et cinquième enfants. J’en veux aux parents qui font des enfants et qui ne s’en occupent pas. J’en veux à la communauté des gens infertiles parce que j’ai déjà un enfant, donc techniquement, je ne fais pas partie de leur gang. J’en veux à tout le monde qui ne comprennent pas ce que c’est de vivre avec des problèmes de fertilité, et surtout, j’en veux à moi-même... J’en veux à ma tête qui a cru que ça allait être aussi facile qu’avec le premier. J’en veux à mon corps qui m’abandonne. J’en veux à mon utérus qui n’arrive pas à accomplir son but premier soir de porter la vie. J’en veux à mes ovaires qui me laissent tomber et je m’en veux de tant m’en vouloir.

Quatre ans plus tard, je ne suis toujours pas enceinte. Mais j’en veux plus à personne. Surtout plus à moi-même. Ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas la faute de mon conjoint. Ce n’est pas de la faute à la médecine, ni aux personnes autour de moi. La vie a tout simplement décidée que notre famille sera une famille de trois personnes. Maman, papa et fiston. Non ce n’est pas ce que j’avais prévu, ce n’est pas ma vision d’une famille parfaite, mais elle est parfaite pour nous. Nous sommes en santé, nous avons un toit et de la nourriture. Notre fils est un beau petit miracle et à tous les jours ils nous épatent de plus en plus.

Quatre ans plus tard, j’ai accepté notre infertilité. Ça été un long processus qui a définitivement laissé des traces, mais nous sommes plus fort aujourd’hui et nous sommes une famille beaucoup plus uni. Nous réalisons la chance que nous avons d’avoir un enfant. Nous réalisons que la vie ne nous donne pas nécessairement toujours ce que l’on veut, mais elle nous donne exactement ce que nous avons de besoin.

Anne Tipaldos